ASTRONOMIE
Évolution des connaissances scientifiques
Le planisphère de Waldseemüller
En 1507 François d’Angoulême a 13 ans, et voici le monde tel qu’il était alors connu.
Le planisphère ci-dessous a été établi cette année-là par le chanoine / cartographe Martin WALDSEEMÜLLER, à Saint-Dié-des-Vosges en France.
Il est une remarquable synthèse des dernières informations recueillies par les explorateurs européens de l’âge des Grandes Découvertes, qui s’aventurèrent à l’est et à l’ouest au-delà des limites du monde connu.
Waldseemüller fut influencé par les récits du navigateur florentin Amerigo VESPUCCI (représenté en haut à droite sur la carte et ci-contre) qui affirmait avoir réalisé entre 1497 et 1504 quatre voyages vers le Nouveau Monde.
Réfutant l’idée de Christophe COLOMB, qui soutenait que les nouvelles terres découvertes en 1492 faisaient partie de l’Asie, Vespucci pensait qu’elles appartenaient plutôt à un « Nouveau Monde », auquel on donna finalement son nom : AMERICA.
Cette carte est considérée aujourd’hui comme étant le certificat de naissance de l’Amérique.
En 2003 la Bibliothèque du Congrès des Etats-Unis l’a acquise auprès d’un aristocrate allemand pour un montant de 10 millions de dollars.
Beaucoup de mystères entourent encore cette œuvre.
Ainsi, comment Waldseemüller pouvait-il avoir connaissance d’un océan, l’océan Pacifique, treize ans avant sa découverte officielle en 1520 par Magellan ?
Pourquoi la mention « America » disparut-elle des cartes réalisées par la suite par Waldseemüller ?
Pourquoi le planisphère tomba-t-il dans l’oubli jusqu’au début du 20ème siècle ?
Un univers géocentrique
Sur le planisphère, l’effigie de Vespucci est positionnée face à la carte de son “œcoumène” (l’ensemble des milieux habités par l’être humain) : l’Ancien Monde.
En face une représentation de Ptolémée (100-168 env.), le père de la géographie, que Waldseemüller admirait énormément.
Ptolémée avait mené d’importantes recherches dans le domaine de l’astronomie, et défendu la thèse d’un système géocentrique, tout comme l’avait pensé le philosophe grec Aristote (384-322 avant J-C).
Cette thèse, communément reconnue et approuvée par l’Église, considère que la Terre est immobile et est placée au centre de l’univers. Les étoiles et les planètes tournent autour d’elle.
C’est sûrement cette vision du monde qui a été enseignée à François d’Angoulême par ses précepteurs.
Mais un savant de son époque allait venir bouleverser la place de la Terre dans l’univers.
La Révolution Copernicienne
En 1500, alors que François d’Angoulême a 6 ans, un jeune chercheur en astronomie de 27 ans, Nicolas COPERNIC, participe à une conférence à Rome. Il y expose sa théorie :
« Toutes les sphères tournent autour du soleil, qui est au centre d’elles toutes (…). Tout mouvement qui semble se produire dans la sphère des étoiles fixes, n’est dû en réalité à aucun mouvement de celle-ci, mais plutôt au mouvement de la Terre. »
Cette déclaration fut un fait ponctuel, Copernic n’exprima plus jamais en public ses opinions sur l’astronomie, qui venaient contredire la réalité admise depuis plus de 1 500 ans.
En effet l’héliocentrisme, plaçant notre étoile au centre de l’univers, faisait l’objet d’interdits religieux chez les protestants et au sein de l’Eglise catholique.
L’astronome garde également pour lui ses idées, en raison de l’incohérence scientifique de plusieurs données. Cela est dû au fait qu’il considère un mouvement des planètes circulaire et uniforme ; mais en réalité elles se déplacent sur des orbites elliptiques (en ovale).
Ce fait, qui sera découvert en 1609 par Kepler, empêche les calculs de Copernic d’aboutir proprement.
Il développera ses idées dans un premier traité en 1510 « Commentariolus », puis dans son célèbre ouvrage « Des Révolutions des Sphères Célestes » publié quelques mois après sa mort en 1543.
Sa thèse ne sera acceptée par l’Église qu’au début du 19ème siècle.
Les idées de Copernic circuleront en cachette au cours du 16ème siècle, et séduiront de grands esprits du 17ème siècle comme Galilée et Kepler. Elles avaient déjà convaincu un contemporain de Copernic : Léonard de Vinci.
Ce dernier était un proche du Roi François 1er : il lui aura certainement fait part de cette nouvelle théorie, qui venait redéfinir la compréhension de la place de l’Homme dans l’univers.
Nicolas Copernic
Nicolas Copernic (1473-1543) a étudié les Arts à l’université de Cracovie, puis découvert la médecine, les mathématiques, le droit et surtout l’astronomie à l’université de Bologne en Italie.
En 1500 il est rentré en Pologne, et il est devenu chanoine (administrateur de diocèse).
C’est un érudit, un homme extrêmement cultivé, mais peu sociable.
Le jour, il n’a pas beaucoup d’ambition, mais nuit après nuit l’astronome observe le firmament.
Il fait construire une terrasse nivelée sur laquelle il place tous ses instruments astronomiques, qu’il a fabriqués lui-même.
Le quadrant de Copernic. Le quart de cercle permet
de mesurer l’inclinaison du plan de l’écliptique* par rapport à l’équateur céleste.
Le “triquetrum” ou “instrument parallactique”, mesure la distance zénithale des astres.
* écliptique : zone du ciel où circulent les planétes du système solaire et qui correspond à la projection de l’équateur terrestre sur la voûte céleste.
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La “sphère armillaire” permet la détermination des latitudes et longitudes écliptiques des étoiles et des planètes.
Jusqu’à la fin de sa vie il notera scrupuleusement les résultats de ses observations, construisant ainsi un modèle de plus en plus élaboré de l’univers.
« Si la dignité des Arts était évaluée d’après les matières dont ils traitent, celui que certains appellent astronomie, d’autres astrologie, serait de beaucoup le plus haut. »
Esquisse pour le tableau « L’astronome Copernic, ou Conversations avec Dieu », Jan Matejko, 1871
(Musée national de Cracovie)
En ce temps là…
