François de Valois-Angoulême – le futur roi François 1° – et son temps. 1

La jeunesse de François de Valois-Angoulême

1- Le 1er janvier 1496, à l’âge de 15 mois, François perd son père, le comte Charles d’Angoulême. Ses deux jeunes enfants, François et Marguerite, passent sous la tutelle de leur plus proche parent, le duc d’Orléans. 
2- Le 7 avril 1498, le roi Charles VIII, fils de Louis XI, meurt prématurément, sans descendance. Le duc d’Orléans devient roi sous le nom de Louis XII, et épouse la reine veuve Anne de Bretagne, dont il n’aura pas de fils.
Pupille de Louis XII, François devient l’héritier du trône.
3- Le 31 décembre 1514, Louis XII meurt.
Le lendemain 1er janvier 1515, François 1er est proclamé roi. 

La généalogie de François 1er (S.P. : Sans Postérité)

La mère de François : Louise de Savoie (1476-1531)

Son père Philippe étant « sans terre » puisque dépossédé de ses biens par les Suisses… autant dire que Louise serait un bien mauvais parti ! Cependant, nièce et pupille d’Anne de Beaujeu (la fille de Louis XI et régente de France), elle reçoit de sa tante une belle éducation, et l’exemple d’une femme politique rusée. Ce qui lui sera utile lorsque bien plus tard à son tour, elle exercera la régence du royaume de France, tentant d’être selon le mot de Louis XI, « la moins folle femme de France, car de sage, il n’y en a point » !


Son père : Charles d’Orléans ou d’Angoulême (1459-1496) 

Comme son père Jean d’Angoulême, Charles s’intéressa aux lettres et aux arts ; il mena une vie paisible dans le modeste château de Cognac, entouré d’une petite cour de beaux esprits. 
Charles se laisse entraîner dans une révolte des grands contre la régente Anne de France (Anne de Beaujeu), fille de Louis XI. 

Celle-ci n’est pas cruelle envers lui, puisque la condition qu’elle met à son pardon, est qu’il épouse sa nièce et pupille Louise de Savoie ! Ils se marient le 16 février 1487. Lui a 28 ans, elle seulement 12, ce qui ne choque personne.
Le couple prend ses quartiers au château de Cognac.
Deux enfants naissent de cette union : Marguerite le 11 avril 1492, future reine de Navarre, et François le 12 septembre 1494. Le frère et la sœur seront toujours très liés.

Prédiction ? À l’âge de 13 ans, Louise avait rencontré un moine renommé, François de Paule, remarqué par Louis XI, qui lui prédit qu’elle aurait deux enfants dont un fils : « Vous aurez un fils et ce fils sera roi ! »
Le jour de sa naissance, Louise de Savoie consigne dans son journal ce qui incontestablement, constitua le moment le plus fort de sa vie : « François, par la grâce de Dieu, roi de France et mon César pacifique, prit la première expérience de la lumière mondaine à Cognac, environ dix heures de l’après-midi 1494, douzième jour de septembre ».


Le choix du prénom François est inspiré à Louise autant par celui du moine visionnaire que par celui du parrain de l’enfant, François de la Rochefoucauld.

L’enfant naît-il en plein air sous un chêne, comme une légende tenace le rapporta par la suite pour corroborer sa force et sa vitalité ? Dès sa naissance, il lui faut deux nourrices pour calmer son puissant appétit ! Il a plus vraisemblablement vu le jour, comme avant lui sa sœur Marguerite, dans la puissante tour de Cognac, un bâtiment de style moyenâgeux, l’esprit de la Renaissance n’ayant pas encore soufflé.
Au décès de son mari, Louise décide de ne se consacrer qu’à son fils, renonçant de ce fait à toutes les propositions de remariage, y compris celle venue du roi d’Angleterre.

Château de Cognac

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La fabrique d’un roi

Jusqu’à l’âge de 6 ans, l’enfant dort avec sa mère, qui le lave et l’habille !
À 6 ans : François passe sous l’autorité d’un maréchal qui le fait « passer aux hommes » et comme veut l’usage, lui présente aumônier, précepteur et écuyer pour faire son éducation.
Le soir, Louise retrouve son fils pour superviser les activités de l’esprit, mais elle n’est plus la maîtresse absolue du destin de François.

À 7 ans, première mission officielle : François est mandé à la cour pour accueillir Charles de Gand (le futur Charles Quint) et ses parents, pour concrétiser la promesse de mariage avec Claude de France, fille de Louis XII. Si cette future union ne plaît pas au roi, qui préférerait marier sa fille avec le jeune François, il n’ose tenir tête à sa femme, Anne de Bretagne.

Enfance--Médaille

À 10 ans : première apparition publique, par le biais d’une médaille de bronze frappée en 1504. L’avers porte le portrait du jeune prince en buste, avec un double titre, celui de Comte d’Angoulême et de Duc de Valois : il s’agissait de bien souligner la légitimité dynastique de François d’Angoulême. Au revers de la médaille, se trouve l’image d’une salamandre, qui évoquera désormais le roi François 1er.

À 12 ans : Louis XII a été patient, et a rusé en attendant la réunion des états généraux de Tours du 13 mai 1506. Ce jour-là, le roi et les représentants des trois ordres s’accordent sur tout, sauf sur le point du mariage de Claude de France avec le futur Charles Quint. Un seul vœu est formulé : que le roi donne sa fille unique à François de Valois (le futur François 1er). Le roi acquiesce, Louise de Savoie également, et le surlendemain, Claude 7 ans et François 12 ans, sont officiellement fiancés devant la cour par le cardinal d’Amboise.

Enfance--Fiançailles
Les fiançailles de Claude et François par le cardinal d'Amboise, devant la cour

Les marches du trône
Bientôt gendre du roi, François n’ignore pas qu’il doit s’aguerrir pour devenir le meilleur.
Avec l’appui du cardinal d’Amboise, Louise initie l’adolescent aux subtilités de la politique, afin de lui faire gravir le plus sûrement possible les marches du trône.

Chateau Amboise vue aérienne
Vue aérienne du château royal d'Amboise. Photo : Lieven Smits

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Élevé au rang de gouverneur de Guyenne, François participe dans le nord de la France au siège de Thérouanne avec le duc de Bourbon. C’est un échec : débuts militaires peu glorieux !

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Mais tout s’accélère : en janvier 1514, la reine Anne décède sans laisser d’héritier mâle. Sa disparition est un soulagement pour Louise de Savoie, d’autant que l’événement permet de presser le mariage de son fils avec la fille de la défunte. Louise songe que rien ne peut désormais empêcher son César de monter bientôt sur le trône.
Louis XII déclara au décès de son épouse : « Faites un caveau assez grand pour elle et pour moi, car avant que l’an soit passé, je serai avec elle et lui tiendrai compagnie ».

En toute simplicité en raison du décès d’Anne de Bretagne, le mariage de François et Claude se tient le 18 mai 1514 à Saint-Germain-en-Laye. Aucun signe de joie. Le peu de témoins présents étaient vêtus de noir. Tous remarquent le contraste entre ce grand garçon de 20 ans à la prestance royale, et la petite princesse de 15 ans, contrefaite, tellement impressionnée d’unir son destin avec un aussi « beau et grand prince ».
Mais si Claude n’est pas avenante, sa dot fait de François l’un des plus riches seigneurs du royaume.

Le 9 octobre 1514 pourtant, à 52 ans, Louis XII se remarie à Abbeville avec Marie Tudor (de 36 ans plus jeune), sœur du roi d’Angleterre Henry VIII, afin de conclure un traité d’alliance et toujours dans l’espoir d’engendrer un fils.
Louis XII, qui fut toute sa vie de santé fragile, montra des signes de faiblesse… et décéda le 31 décembre 1514, après avoir confié le royaume à son gendre François.

"La Mort de Louis XII surnommé le Père du peuple" par Merry-Joseph Blondel. Musée des Augustins, Toulouse
Enfance-sacre fin
Recueil des rois de France, Jean du Tillet, Paris, vers 1545-1547. Manuscrit enluminé sur parchemin

Le roi est mort, vive le roi !
Aussitôt à l’annonce du décès du roi le 31 décembre 1514, les amis du dauphin se bousculent autour de lui en jetant leur bonnet en l’air et en criant : « Vive le roi ! Et belle étrenne ! » sans aucun respect pour le défunt, comme cela s’est toujours fait à la cour de France (et comme cela se fera toujours, jusqu’à la mort de Louis XV et l’avènement de Louis XVI).
Le 1er janvier 1515 donc, l’usage voulant qu’en France on ne puisse demeurer sans roi plus d’une journée, le cri rituel retentit aussitôt : « Le roi est mort. Vive le roi ! ». Le duc de Valois est proclamé roi, sous le nom de François 1er.

Le sacre a lieu à Reims le 25 janvier 1515, selon un rituel ancien remis à jour lors du sacre de Charles VIII ; la cérémonie souligne la sacralité de la personne royale. Le lendemain, François 1er n’oublie pas d’aller toucher les écrouelles à l’abbaye de Corbeny dans l’Aisne : le roi, revêtu des habits du sacre, pose la main sur plusieurs dizaines de malades, en prononçant à chaque fois la formule : « Le roi te touche, Dieu te guérit ».

Jamais on n’attendit autant d’un futur souverain que de François 1er, peut-être parce que, n’étant pas fils de roi, il dut faire ses preuves plus qu’un autre.

F.R.A.N.Ç.O.I.S.
Lorsque François 1er monta sur le trône, on remarqua donc qu’il était le premier souverain à porter le nom de « français » (François). Ce prénom de François cachait sans doute des vertus royales. Ainsi lors de la Grande Entrée du roi à Lyon le 12 juillet 1515, le cortège royal fut accueilli par neuf jeunes filles tenant chacune une lettre du prénom :
          F comme Foy,
          R comme Raison,
          A comme Atrampance (Tempérance),
          N comme Noblesse,
          C comme Charité,
          O comme Obédience (respect de l’Église),
           I  comme Justice,
          S comme Sapience (Sagesse).
Toutes ces références dressaient l’image du “bon roi”, de “bonne race” et de “bon sang” ; il fallait insister sur le fait que le comte d’Angoulême était l’héritier légitime du trône.
La référence au sang était nouvelle à l’époque, car il était habituel de dire auparavant que la Couronne de France se transmettait « par le sperme » ; désormais on parla de « sang ».

Brigitte DELGRANGE
Les jeunes années du futur roi François 1er :

En ce temps là…