Plan de la ville d’Ardres et localisation des emprises des anciennes fortifications dont il ne reste plus que la poterne et le bastion royal.
La place forte d'Ardres, un enjeu européen au XVIe siècle.
Au XVIe siècle, Ardres, promue chef lieu du Pays Conquis sur les Anglais, vit au rythme des rivalités entre Français, Anglais et Espagnols.
Les Français en font la place avancée du Royaume, en Picardie.
Les Anglais rêvent de la reprendre, pour mieux contrôler Calais et intervenir sur le continent.
Quant aux Espagnols, qui tiennent Saint-Omer et qui ambitionnent d’étendre leur pouvoir en Europe, ils veulent en chasser les Français et en éloigner les Anglais.
Dès 1515, le Roi de France François 1er fit réparer en toute diligence tant les fossés que le bastillon. À l’occasion du Camp du Drap d’Or (1520), où il attribua à la cité la devise « Brave et Fidèle« , il se préoccupa de la faire fortifier et remettre en état de garde et de défense.
Après l’intermède anglo-espagnol (1522-1529), il paya Dominique DE CORTONE, dit BOCCADOR, 900 livres d’honoraires pour les ouvrages faits aux villes et châteaux de Tournay, Ardres et Chambord.
En 1540, Ardres était une place forte capable de résister à l’artillerie à poudre. Six bastions ont été adossés à l’enceinte médiévale de la ville haute ; connus depuis le XVIIe siècle sous les appellations de bastion du Festin, de Gascogne, Saint-André, Condette (ou Royal), du Mont-Eventé et du Prince. Bâtis en pierre et en terre, ils étaient à l’origine chacun équipés d’orillons sur leurs flancs, et dominés à leur gorge par des cavaliers surélevés en terre et porteurs d’artillerie lourde.
Le front oriental de l’enceinte, ancré à contre pente dans les collines artésiennes, était le point faible de la défense : ce qu’on appelle « LE FRONT D’ATTAQUE » en terme de POLIORCÉTIQUE*. Le fossé y était à sec puisqu’à plus de 15 m au-dessus des eaux de la rivière (qui inondaient partiellement les douves, à l’Ouest). C’est pourquoi les deux bastions de ce front, dits Royal et du Mont Eventé, furent construits les premiers, et particulièrement renforcés par des galeries de contremine ménagées dans l’épaisseur des murs extérieurs, pour déjouer la mine adverse.
Quant au front occidental, inondable à partir de la rivière, il était commandé par le bastion du Festin. Ce bastion (qui doit son nom au Camp du Drap d’Or) constituait l’ultime réduit de la forteresse, retranché contre la ville par un bras de la rivière ; et surélevé par l’absorption probable de la motte féodale primitive.
* la POLIORCÉTIQUE : terme militaire, qui désigne “l’art d’assiéger les villes”.