Initiation à l’héraldique
L‘héraldique date du Moyen-Âge. Il s’agissait à l’origine de reconnaître sur le champ de bataille, ou lors de joutes, les ennemis et les alliés : comme les soldats portaient le plus souvent des armures leur dissimulant le corps et le visage, ils prirent l’habitude de montrer, sur leurs boucliers et sur des bannières, des couleurs vives arrangées en dessins faciles à reconnaître.
L’héraldique est une science et un langage, pour figurer une symbolique spirituelle, un fait d’armes, un métier ou une corporation.
Le blason dans sa représentation initiale reprend “l’écu” : le bouclier de bois, de cuir ou de fer, tantôt recouvert de fourrures, tantôt peint ou dessiné.
En héraldique la forme de l’écu est toujours le symbole du cœur.
Avec l’apparition des jeux (tournois et joutes), les écus deviennent plus petits, bombés
ou découpés pour laisser passer la lance de tournois.
Le blason peut être composé de trois familles d’“émaux” : les couleurs, les “métaux” (or et argent), et les “fourrures” : l’hermine comme dans les armoiries de la Bretagne, et le vair (fourrure de l’écureuil).
La couleur des émaux
Un code couleur est utilisé dans les représentations de blasons ; et pour la gravure ou la sculpture qui sont en monochromie, et les chevalières, un code de lignes ou de points associés à une couleur. L’absence de motif, donc un fond blanc, représente l’émail “argent”.
La couleur des émaux, et sur côté droit leur rendu gravé.
Ce système d’encodage aurait été créé au XIVe siècle, et utilisé systématiquement à partir du XVIe
Aux deux métaux et aux cinq couleurs de base, sont venues s’ajouter plus tardivement une couleur composée d’or et de rouge appelée “carnation”, “carné” ou “transmutation” (destinée à représenter la couleur chair), et plus récemment encore, une couleur “au naturel” utilisée pour représenter la couleur des animaux, des fruits ou de certains objets.
Exemples de fourrures composées de motifs précis.
La symbolique de l’or et des cinq couleurs
L’or (“jaune”) :
Le blanc (“argent”) :
Le bleu (“azur”) :
Le noir (“sable”) :
Le vert (“sinople”) :
Le rouge (“gueule”) :
l’or symbolise le prestige, l’intelligence, la grandeur et la vertu. Mais l’or, “métal” ici appelé “jaune”, est à distinguer de la couleur jaune au sens courant, décriée car évoquant la trahison et le mensonge.
innocence, sagesse et pureté. Le blanc suggère la sérénité et la paix. Durant la Guerre de 100 ans, on se rend en montrant un drapeau blanc.
beauté, fidélité, persévérance. Associé à l’homme, le bleu est la couleur des nobles et des monarques et devient la couleur préférée en Europe occidentale pendant la Renaissance.
tristesse.
santé, joie, espérance et liberté. Le vert est apparu bien après les gueules, l’azur et le sable.
désir de servir sa patrie. Le rouge est durant la Renaissance associé par les Protestants à l’immoralité. Il devient aussi la couleur féminine (les robes de mariées seront rouges jusqu’au XIXe).
Petit lexical des armoiries
Armoiries ou armes :
Blason :
Blasonner :
Cimier, heaume ou couronne :
Écusson :
Héraut :
Meubles :
Pièces :
Tabard :
ensemble qui comprend l’écu, les figures, les devises et tous les ornements extérieurs.
ensemble de couleurs et/ou de dessins apposés sur un écu, représentant les armes d’une famille.
peindre des armoiries ; ou les interpréter par un descriptif clair et précis : on en fait la “lecture”, c’est le “blasonnement”.
figure qui surmonte l’écu.
petit écu d’armoiries.
personnage officiel chargé de régler les cérémonies et les joutes, et de surveiller les blasons dans leur authenticité et leur unicité ; et de porter les déclarations de guerre.
ensemble des figures du blason (lion, fleur de lys…)
ensemble des figures héraldiques types, dites honorables ou immuables, qui peuvent se superposer aux partitions.
tunique armoriée que portaient certains personnages par-dessus leur armure
Les divisions de l’écu
Le découpage de l’écu est à la fois simple car visuellement les lignes de séparation sont des segments de droites ou de courbes qui suivent une symétrie simple, ou complexe quand plusieurs types de découpages se superposent ou s’emboitent.
Le haut de l’écu prend le nom de « chef », le centre en est le « cœur » parfois nommé « abîme », et la base la « pointe ».
Quelle que soit sa forme, l’écu est découpé en neuf parties distinctes, trois lignes de trois colonnes. On peut aussi employer les termes : trois tires de trois points, chaque « case » étant un point ou canton.
1. Canton dextre du chef.
2. Canton senestre du chef.
3. Cœur, centre ou abîme.
4. Canton dextre de la pointe.
5. Canton senestre de la pointe.
L’écu se regarde comme une figure humaine : la dextre de l’écu est à droite pour celui qui le porte, mais à gauche pour celui qui le regarde.
Pour aller plus loin → http://www.dardel.info/heraldique/heraldique.html
Les pièces
On nomme “pièces” les éléments géométriques élémentaires qui garnissent et organisent les champs de l’écu.
Les pièces “honorables” sont appelées ainsi parce qu’elles occupaient le rang le plus honorable dans l’écu porté par les plus nobles chevaliers. Ce sont la fasce, le pal, la bande, la barre, le sautoir, le chef, le chevron, la bordure, la croix, et l’orle.

Les individus d’une famille peuvent indiquer leur ordre dans la succession au moyen de modifications dites « brisures », et signaler leurs alliances familiales en combinant plusieurs armoiries. Les armoiries d’une femme mariée adoptent une division verticale (le « parti »), souvent inscrite dans un losange, associant à dextre les armes du mari et à senestre les armes du père. L’écu du mari est à la place d’honneur, à dextre; celui de son épouse à senestre.
Les partitions de l’écu
La division régulière en plusieurs zones géométriques d’un écu s’appelle “partition” ; cela correspond souvent à l’alliance de deux ou plusieurs parties. Le partitionnement est le premier découpage physique de base d’un écu.
Voici maintenant les neuf partitions principales, ou “quartiers”, aux appellations plus spécifiques.
Viennent ensuite les neuf partitions ternaires, ou “tiercés”.
Les chiffres dans chaque partie de l’écu indiquent l’ordre du blasonnement lors de la lecture du blason.
Les meubles
Enfin, tout ce qui n’est pas une pièce est appelé “meuble”. Ces meubles évoquent le personnage représenté ou/et sa fonction, sans être représentatifs, mais symboliques. Les meubles les plus courants sont, avec de multiples variantes : aigles (féminines en héraldique), lions, fleurs de lys, roses, tours, croix, couronnes, et toutes sortes d’outils.
Les animaux représentés de profil ont généralement la tête à dextre (pour celui qui regarde) ; dans le cas contraire, ils sont dits “contournés”. La position, l’attitude de l’animal peuvent être exprimés par des termes fixés par l’usage : passant, rampant, issant, naissant, lampassé, affrontés, adossés, etc.
Le blasonnement
Le blasonnement est la description du blason, régie selon des règles strictes quant à l’ordre et le vocabulaire, ce qui permet de reconstituer mentalement ou de dessiner les armoiries dans tous leurs détails.
| Exemple : le blason d’Ardres |
| « D’argent à l’aigle bicéphale de sable, au chef d’azur chargé de trois fleurs de lys d’or. » |
L’ordre du blasonnement : on commence toujours par le fond de l’écu, en énonçant la couleur du champ, puis sa charge (« D’argent à l’aigle bicéphale de sable ») ; ensuite on énumère les charges, qui peuvent être des pièces ou des meubles (« au chef d’azur chargé de trois fleurs de lys d’or »). S‘il y a plusieurs charges différentes, on commence par celle qui paraît principale, parce que plus centrale, de taille plus importante ou simplement plus significative.
Pour éviter la répétition, on blasonne souvent les émaux en se rapportant à ceux déjà mentionnés : “du même”, “du champ”, “du premier”, “du dernier”, etc.
Les armoiries de François 1er
L’écusson
Au centre, un écu d’azur chargé de trois fleurs de lis d’or : François 1er a été sacré roi de France le 25 janvier 1515 dans la cathédrale de Reims. La fleur de lys, étroitement liée à la monarchie française, a été utilisée comme emblème royal pendant de nombreux siècles.
Le heaume
Le heaume (casque intégral de l’armure) symbolise la tête de la personne à qui appartiennent les armoiries. On retrouve au-dessus du heaume la double fleur de lys.
Le Collier de Saint-Michel
En tenue d’apparat, les chevaliers de Saint-Michel (Ordre du Roi fondé en 1469 par Louis XI) portaient un collier en or composé de coquilles Saint-Jacques reliées entre elles par des entrelacs, auquel était suspendu un médaillon représentant l’archange saint Michel terrassant le dragon.
La salamandre
L’animal-emblème est un animal de compagnie, mais ilsert aussi comme garde ou comme guerrier d’élite lors
des combats.
La Reine Claude a manqué plus d’une fois de marcher sur la queue de la salamandre géante de François 1er, qui avait l’habitude de se prélasser au coin du feu, voire dans le feu… Lorsqu’un ensemble de bûches s’écroulait dans les grandes cheminées des châteaux où résidait le roi, ce n’était pas toujours dû aux effets de la combustion !
La salamandre qui crache des flammes est surmontée d’une couronne portant la devise « Nutrisco et Extinguo », qui signifie : « Je me nourris du bon feu, j’éteins le mauvais. » Emblème de François 1er, elle symbolise le pouvoir sur le feu, et donc sur les hommes et sur le monde. Elle représente aussi la foi chrétienne qui éteint les flammes de l’enfer ; et la vertu, qui résiste à la cupidité et à la luxure.
On retrouve la salamandre royale sur un texte relatant une rencontre et un traité de paix entre le roi d’Angleterre Henry VIII et François 1er, comme sur diverses enluminures de manuscrits retraçant les grands moments de son règne.
Les armes de Louise de Savoie
Les comtes puis les ducs de la maison de Savoie utilisent la croix blanche sur fond rouge.
La fusion des emblèmes de Louise (la Prudence) et de François (la salamandre) dans une même allégorie évoque la transmission de la vertu de la mère au fils, essentielle pour préparer celui-ci à exercer le pouvoir royal.
Les armes d’Anne de Bretagne
Les jeunes années du futur roi François 1er
En ce temps là…
