François de Valois-Angoulême – le futur roi François 1° – et son temps. 2

L’éducation d'un futur roi

La première influence de son éducation : sa mère, Louise de Savoie (1476-1531)

Louise de Savoie n’a pas eu une enfance dorée, c’est peut-être pour cela qu’elle a voulu combler son fils adoré et dans une moindre mesure sa fille Marguerite. 

Mariée à 12 ans et installée à Cognac chez son époux, elle est veuve à 19 ans et désormais ne s’occupe plus que de l’éducation de son fils en qui elle voit déjà un futur souverain et qu’elle appelle « mon césar » avec tendresse et fierté.

Louise a été une éducatrice, une personnalité marquante pour ses enfants, trop avisée pour être trop abusive ; elle les a aidés à s’ouvrir au monde. Férue de belles lettres, protectrice des arts et des sciences, attirée par la culture italienne et l’esprit florentin, elle leur a transmis le sens de la beauté et de l’élégance.

Amatrice d’objets et d’œuvres d’art mais aussi bibliophile avertie, elle protège les artistes et les poètes, soutenant ainsi, voire suscitant, la création artistique et littéraire des quinze premières années du règne de François 1er.
Si Louise de Savoie est l’une des personnalités les plus fascinantes de la première Modernité européenne, aucune monographie récente ne lui a été consacrée.

Le Compas du dauphin, Maître de Philippe de Gueldre, vers 1505. BnF.
Le compas indique, symboliquement, les principes moraux à suivre.
Louise de Savoie est représentée ici comme le repère moral de son fils.

Les précepteurs

* Le maréchal de Gié (1451 – 1513)

Cet énergique breton apparenté à Du Guesclin, précédemment au service de Louis XI, Charles VIII et Louis XII, occupa la fonction de précepteur pendant les premières années du jeune duc de Valois. Il décida de le “chasser” du clos Lucé car il désapprouvait qu’à 6 ans le garçon dormît encore dans la chambre de sa mère et fût lavé et habillé par elle seule. Il décida de faire “passer l’enfant aux hommes” comme le voulait l’usage, lui donna pour précepteur l’abbé de Saint-Mesmin, pour aumônier Ytier Bouvereau, pour écuyer Renaud de Refuge qui lui mit aussitôt le cul sur un cheval.
general gié

Pierre de Rohan, dit « le maréchal de Gié » – Austrian National Library (ÖNB)

Mais opposé à Louise qui profite d’une de ses maladresses, puis banni de la cour et privé de l’exercice de certaines fonctions et commandements, le maréchal doit renoncer à toutes ses charges. On lui retire en outre « le gouvernement et la garde du duc de Valois » qu’il assurait depuis plusieurs années.

francois 1 presenté roi

François 1er enfant présenté à Louis XII
Fleury-François Richard.
Musée Thomas Henry, Cherbourg

* Artus Gouffier de Boissy, diplomate (1475 - 1519)

Cet accommodant seigneur de Boissy en Poitou trouve dans son élève un tempérament plein de feu, capable de toutes les vertus et de toutes les passions, … mais il fallait diriger ce feu utile et dangereux, tantôt l’aviver, tantôt l’amortir. Compétent, honnête, dévoué et attentif, il veille à ce que toutes les heures de la journée soient bien occupées et à ce que les activités physiques et intellectuelles soient équitablement réparties. 
 
À ses côtés, Louise partage son influence avec Gian Franco Contis, François de Moulins, Jean Thenaud, Christophe de Longueil. Ils parviennent à intéresser un élève ouvert et intelligent. Rarement un programme éducatif fut poussé à ce point : art de la poésie, musique, solfège, langues (italien, espagnol), instruction religieuse, lecture des écrits anciens comme des contemporains…

 Artus Gouffier de Boissy, v.1519. Bibliothèque Méjanes,
Aix-en-Provence

Une semaine après son avènement, François 1er montra la considération qu’il accordait à son ancien gouverneur en le nommant grand maître de France. Boissy devint alors l’un des plus grands officiers de la couronne et le plus proche conseiller du jeune roi. Sensible à l’humanisme érasmien, le seigneur seigneur

de Boissy souhaitait que le roi de France, nouveau César, établisse une paix universelle à l’échelle de la chrétienté en assurant la concorde entre les États européens, mais aussi l’hégémonie de la France.

La première mise en œuvre de ce principe fut la négociation du concordat de Bologne. Boissy continua cette politique d’apaisement en signant un traité de paix universelle à Noyon, puis la paix de Cambrai en 1517, et le traité de Londres de 1518.

* François de Moulins de Rochefort  (vers 1470-80 – 1526)

Nous ne savons que peu de choses sur ce personnage, en dehors du fait qu’il est l’auteur d’une abondante production manuscrite, destinée au roi ou à sa mère.
Issu de la noblesse poitevine, il était le fils de Jean de Moulins de Rochefort et de Louise Jamin, filleule de Louis XI. Chanoine de la cathédrale Saint-Pierre et de l’église Sainte-Radegonde de Poitiers, il devint abbé de Saint-Mesmin de Miscy (près d’Orléans) et grand aumônier du roi.
 
C’est en 1501 que François de Moulins de Rochefort apparaît sous la mention « Me descolle de Monseigneur » pour la rémunération de 100 livres par mois.
Instructeur du jeune roi de 1501 à 1514, il est resté à ses côtés toute sa vie durant. Il était un de ses intimes puisqu’il fut son grand aumônier, chef de sa chapelle, conseiller et “éminence grise”.

François de Valois et son maître d’école.
Où François de Moulins de Rochefort (debout) déconseille au futur roi la pratique des jeux, émanations du Diable.
Miniature, Dialogue sur le Jeu (1505), François de Moulins, bibliothèque nationale de Paris.

Alain DEMOULIN
Les jeunes années du futur roi François 1er :

En ce temps là…