Circuit « Houillères d’hier dans la Boutonnière » du 17 septembre 2017.
La première étape nous a amenés à Campagne-lès-Guînes :
Ce village entre plaine maritime et derniers contreforts de l’Artois s’enorgueillit de l’existence de quatre châteaux, d’avoir été le lieu de rencontre des festivités du Camp du Drap d’Or en 1520, d’avoir été zone frontalière entre le PALE anglais et le royaume de France pendant plus de deux siècles. Quelques personnalités l’ont habité dont le renom nous est parvenu et ont nourri notre parcours d’anecdotes. L’existence de deux aérodromes : l’un américain, en 1918 (dont l’ACHA a fait connaître l’existence et déterminé l’emplacement) et l’autre allemand, en fonction dés 1940 dont il reste une piste bétonnée et un hangar, ont fait l’objet de commentaires au passage.
La première halte au château du Val Doré nous a permis de découvrir une propriété comprenant, château, et dépendances au milieu d’un grand parc arboré de 3ha 50. La construction principale remonte au XVIIIème siècle, elle a subi plusieurs agrandissements tout en sauvegardant des proportions très agréables. La blancheur des murs, le noir vernissé des tuiles de la toiture, les fenêtres à guillotine respectant les proportions du nombre d’or, le fronton triangulaire à oculus, confèrent un charme indéniable à l’ensemble.
Les différents propriétaires se sont ingéniés à adapter ce lieu à chaque époque sans rien lui faire perdre de son caractère. Propriété de famille, et lieu de vacances durant toute son enfance, M. Desmytèrre en fait sa résidence principale. Un gîte pour dix personnes a été aménagé dans les communs, tout en respectant là aussi l’authenticité et le style de la construction d’origine.
La deuxième halte dans ce qui est la 3ème église construite à Campagne, nous a donné l’illusion d’un voyage dans le temps. L’intérieur de cette église néogothique dédiée à St Martin, a quelque chose d’une relique. Elle a conservé nombre d’éléments que d’autres églises ont fait peu à peu disparaître : plaques de fondation et de bénédiction de la construction, confessionnal et cuve de chaire néogothiques de qualité, tapis déroulé de l’entrée au chœur, chemin de croix de plâtre peint en blanc souligné d’un filet doré. Il ne faudrait pas oublier, les neuf statues saint-sulpiciennes récemment repeintes par un spécialiste à la demande de l’association paroissiale dynamique : « les Amis de Saint Martin ». Tout cet ensemble, sublimé par la lumière filtrée à travers les vitraux des ateliers Latteux-Bazin, a beaucoup surpris et a été très apprécié.
Il y avait bien entendu un lien entre Campagne et notre thème des houillères en la personne de M. Cazin d’Honincthun. Enterré au village, il fut l’associé de François Desandrouin, notre député du baillage de Calais et d’Ardres aux Etats Généraux de 1789. Troisième membre de cette famille à être venu exploiter le charbon du Boulonnais afin d’y fabriquer du verre. M. Cazin a en a été l’exécuteur testamentaire auprès des ouvriers et pauvres d’Hardinghen à qui le gentilhomme verrier et charbonnier avait décidé de distribuer une part de son héritage. Le soir du 7 janvier 1785, les comparses ont accueilli au château d’Hardinghen, Blanchard et Jeffries qui avaient, ce jour mémorable, traversé la Manche en ballon, une première mondiale. Anecdotes, petite et grande Histoire, géologie, architecture régionale, ont jalonné le parcours vers la boutonnière, cette dépression en forme de V où les hasards de la géologie ont fait affleurer des terrains primaires. Les roches dures des carrières mais avant cela, et découvert sous le soc d’une charrue vers 1660, le CHARBON.
La deuxième étape, fut un périple en autobus à la découverte des paysages de la boutonnière et de l’habitat rural traditionnel à Fiennes, Réty et Hardinghen.
La troisième étape s’est effectuée à Réty :
Cet arrêt s’est fait devant les derniers vestiges de ce qui fut l’une des plus grandes verreries européennes. Le magasin à bouteilles est devenu chapelle de secours de Réty. On y a fabriqué de 1783 à 1830 des bouteilles et dames jeannes destinées principalement à l’exportation outre-mer. Pour cette raison, François Desandrouin fit bâtir un superbe hôtel particulier à Boulogne où il avait trois bateaux pour commercialiser sa production. Les fidèles de l’ACHA en allant le voir dans la vieille ville reconnaitront les caractéristiques de son architecture palladienne, mais seront étonnés de savoir que l’appellation actuelle fait oublier qui en a été le maître d’ouvrage. On l’appelle à présent le « Palais impérial ». Il est vrai que le renom de Desandrouin ne pouvait rivaliser avec celui de Napoléon qui l’a occupé durant la période du « Camp de Boulogne ».
La quatrième étape nous emmena sur une route en pleine campagne…
Cette halte s’est faite devant un emplacement de mines proche de la fosse appelée « Glaneuse n°1 », l’une des 254 qui ont été creusées durant l’épopée charbonnière, et pour laquelle nous avons eu des renseignements très détaillés. Elle a été exploitée de 1888 à 1901. Après 34.20 m de morts-terrains et jusqu’à -100m elle était traversée par six veines de charbon d’épaisseur inégale, dont la meilleure était la veine Maréchale. L’exploitation du charbon a été difficile, son histoire est ponctuée de réussites et de faillites retentissantes. Il n’en reste pas moins vrai que dans les « Hauts de France » le premier gisement houiller exploité fut celui du bassin d’Hardinghen, comme l’atteste l’arrêté royal de 1692, soit bien avant le Nord ou le Pas de Calais.
Pour la cinquième étape nous nous sommes rendus à Hardinghen.
Cet arrêt s’est fait devant la maison de retraite d’Hardinghen. Sous le nom de château de la Verrerie, ce fut l’habitation que Jacques Desandrouin de Long Bois a fait construire peu après son arrivée en 1720. Cette élégante construction et toutes ses dépendances sont devenues au fil du temps, une maison de Dominicaines qui en ont fait un noviciat, un pensionnat (fermé en 1983. La fille de Belmondo y fut élève), une maison de retraite dès 1904. Modernisé, le bâtiment est devenu un EHPAD accueillant actuellement 80 personnes âgées dont 14 en unité très sécurisée.
La dernière étape s’est déroulée au château de la Motte.
Le château de la Motte encore appelé château de la Follye, est la propriété de famille de M. et Mme Watier qui ont fait le circuit avec nous le matin. Cette belle propriété nichée dans un coin de verdure, avec vue sur le mont Lambert et bien abritée des vents, est pleine de charme. Les dénivelés mettent en valeur le parc, la longue façade ocrée, rythmée par 7 travées centrales et deux latérales, agrémentée de volets bleutés, est percée de trois portes précédées d’un perron. Les ailes latérales légèrement saillantes sont recouvertes de tuiles en terre cuite donnant un air bien anglais à l’ensemble. Monsieur Watier a retracé l’historique de la maison et a déroulé une longue carte d’État-major ancienne, sur laquelle un ancêtre avait reporté les différentes concessions minières allant de la Belgique en passant par le Nord et le Pas de Calais, pour aboutir là où nous étions : la commune d’Hardinghen.